dimanche 23 novembre 2008

chronique du matin




La dégradation, la décrépitude. Je n'ai rien vu venir. Pour tout dire, pendant longtemps je ne me suis pas vu. Pour être plus précis, pendant une période j'étais concentré sur mon crâne qui, jour après jour, offrait au monde et à mon regard dépité un strip-tease capillaire. Aujourd'hui, je serais bien embarrassé avec des cheveux.

Je ne sais plus lequel, mais un matin j'ai pris conscience des dégâts. Je me dirigeais vers la douche, autant vous dire que j'avais tout laissé tomber, quand, je ne sais pour quelle raison, j'ai tourné la tête vers la droite. Et j'ai vu. J'ai vu que le temps était passé par là. Le reflet a impressionné ma rétine. Mon cerveau me renvoya l'image d'un homme tronc et comme nous étions seuls dans la salle de bain cela ne pouvait n'être que moi, d'autant que le visage consterné qui me faisait face était le mien. Le drame est venu du fait que je me voyais de profil. J'ai eu beau faire, j'ai dû me rendre à l'évidence que je n'avais pas un profil meilleur que l'autre. Le tronc allant de la tête à dix centimètres au dessous du nombril, aucun lot de consolation ne s'offrait à ma vue. Ce sont ces dix centimètres dont je me serais bien passé.

Même si la confrontation avec mon profil fut brève, elle fut dévastatrice. Cette surface corporelle de trente centimètres carré révélait les indices d'une accumulation intempestive de corps gras. Se dessinait la réplique d'une vague molle et graisseuse échouée sur ma feu tablette de chocolat. Moi qui me croyais brûleur de graisse je n'étais plus qu'un adipeux du bide.

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