samedi 29 décembre 2007

Plaisir (délicieux) 1ére partie



Il est aujourd'hui aisé d'être un rebelle doublé d'un pervers. Les interdictions et les obligations foisonnent. Par exemple, un bon citoyen est un citoyen qui consomme, qui profite de toutes les heures d'ouverture des magasins, samedis, dimanches, nocturnes, jours fériés. Le citoyen de notre république laïque prie, prie pour que les magasins soient encore ouverts, prie pour que les stocks ne soient pas épuisés comme lui peut l'être en cette fin de journée où, anxieux dans l'ascenseur qui le ramène au parking (moins deux ou moins trois, allée rouge ou verte?), il récapitule à voix haute ce qu'il a acheté, associant chaque achat à un prénom tout en guettant le signe de tête approbateur de son conjoint (je te préviens, je n'y retourne pas!).


Il m'arrive donc parfois d'endosser le rôle du rebelle, ce qu'en temps normal je ne suis pas. La meilleure période est bien sûr celle de Noël mais le samedi est tout au long de l'année un moment propice à l'expression de la rebellion. Le centre ville (et non le centre bourg) et le centre commercial (et non la supérette et son kiosque à journaux) sont les lieux à privilégier si l'on souhaite retirer toute la satisfaction qu'une telle démarche recelle en son sein. Je vous concède que c'est avant tout un plaisir solitaire mais qui, contrairement à d'autres (les hommes me comprendront), est un plaisir qui se prolonge avec une égale intensité.

Il s'agit donc, pour le citoyen de notre laïque république, de traverser les temples et autres cathédrales de la consommation et d'en ressortir sans avoir rien acheté. Avantage non négligeable, cette activité peut être exercée par tout un chacun, sans préparation aucune et peut même s'improviser à tout moment de la journée. Deux options techniques sont offertes. Soit vous laissez à la maison, conseillé la première fois, tout moyen de paiement, soit vous vous munissez de votre carte de crédit. Cette deuxième option permet de se dire "si je le voulais je pourrais acheter". Une fois ce choix effectué, il ne vous reste plus qu'à vous glisser dans la peau de Mad Max au pays du consumérisme.

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