dimanche 2 décembre 2007

Robert et moi (boom limonade 3)

Vous êtes donc dans ce groupe de garçons mateurs hableurs. Vous faites partie de ceux qui se taisent. Vous aimeriez bien vous mêler à la conversation mais vous manquez de confiance en vous. Votre vocabulaire technique est limité et vous n'êtes pas certain d'en connaître la signification exacte et rien n'est pire que d'être la risée de ceux qui "savent". Les initiés qui se lancent des regards entendus qui vous maintiennent dans l'enfance comme à la piscine où est toujours présent un "en avance sur son âge" pour vous maintenir la tête sous l'eau.

Cela fait quelques semaines que vous l'avez repérée. Appelons la Hélène. Au début, vous n'y avez pas apporté une attention particulière. Elle occupait un espace dans la classe mais plutôt comme une silhouette. Et puis un jour, couché sur votre lit, à la recherche d'un fantasme instantané, sans trop savoir pourquoi, vous passez en revue les "filles" de votre classe. Des visages défilent et le diaporama s'arrête sur la photo d'Hélène. Vous glissez ailleurs, votre main droite retombe sur le couvre lit en tricot amoureusement confectionné par votre grand-mère. Hélène! Vous essayez de fixer son visage en fermant les yeux. C'est ainsi que vous vous trouvez amoureux.

Plaisir, douceur et souffrance. Chaque jour est celui qui vous donnera le courage de lui parler. Mais pour lui dire quoi? Pendant les cours, vous la regardez, vous lui souriez en espérant qu'elle comprendra, qu'elle viendra vers vous pour prendre votre main. Même si votre main continue de se balancer orpheline au bout de votre bras, vous avez l'impression qu'elle a compris. Vous n'avez surpris aucune manifestation tangible d'un quelconque intérêt à votre égard mais l'indicible naissance de ce qui n'est encore qu'une onde vous rend plus léger. Après avoir espéré un miracle, vous allez devoir faire un geste. L'idée de lui écrire est rapidement éliminée. Vous en êtes encore au stade où vous voulez lui dire sans utiliser les mots. Votre courage du matin est comme le sable d'un sablier que l'on retourne. Vous allez opter pour une approche physique qui ne vous exposera pas à l'humiliation du refus.

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