samedi 12 septembre 2015

J'aurais pas cru

L'autre matin, je patientais dans la cuisine attendant que le thé soit moins fumant. La radio était allumée mais je n'y prêtais pas attention. Ne rien penser mobilisait toutes mes ressources. Je me contentais de regarder ce qui m'entourait. Tous ces objets que l'on trouve habituellement en un tel lieu. Comme l'a dit Boris Vian, un frigidaire, un atomixaire, une cuisinière avec un four en verre, des tas de couverts et des pelle à gâteaux et tout ce qui se cache dans les tiroirs et les placards. Et une table sur laquelle reposaient mes coudes. La confiture, le beurre, des fruits pour faire joli, des bols. Je ne sais par quel cheminement, je me suis demandé combien de petits déjeuners j'avais pu prendre dans cette cuisine. Par un calcul qui n'avait rien de savant, j'en suis arrivé au nombre de huit mille. Je me suis ensuite demandé combien de temps cela avait-il bien pu me prendre. A l'aide de multiplications et de divisions j'ai obtenu 2666 heures soit 111 jours. Ce qui m'a épaté, c'est que j'ai pu m'assoir huit mille fois à la même place et d'être incapable de me souvenir d'un petit déjeuner en particulier. Ma mémoire n'a rien retenu alors qu'il est communément admis que c'est le moment le plus important de la journée. Peut-être parce que je suis toujours seul face à mon bol. Que peut-on retenir de la solitude matinale?

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