mercredi 7 mai 2014

Où ça?

L'autre jour j'écoutais la radio. Contrairement à ce que pourrait laisser croire cette première phrase, ce n'est pas une situation exceptionnelle. Je l'écoute souvent. J'écoutais donc. Le propos m'intéressait. S'exprimait, me semble-t-il, un acteur. Je dois avouer que je m'intéresse davantage aux mots qu'à celui qui les prononce, ce qui, je le concède, n'est pas bien. Cet acteur, parlant des acteurs et de tout un chacun, expliquait que, quelle que soit la situation, nous étions rarement tout à fait là, jamais totalement présent. Je ne vais pas entrer dans le détail, que je ne maîtrise pas, mais si nous ne sommes jamais vraiment présent là où nous sommes c'est que, contrairement à un animal, nous avons conscience de ce que nous sommes. Nous avons cette capacité à prendre du recul. Nous sommes capables de nous observer, de faire preuve de dérision, de ne pas nous prendre au sérieux. En revanche, il ne faut pas compter sur le lion pour faire de l'humour.
J'en ai conclu que, d'une certaine façon, nous sommes éparpillés. A tout instant, notre corps est un leurre. Un avatar pour plonger dans la troisième dissension. L'autre, pour autant qu'il s'interroge, ne sait jamais si nous sommes là. Tout en étant là, nous sommes pour partie ailleurs. Pour autant, savons nous où nous sommes? Savons nous où est partie cette autre partie de nous-même? Dès l'instant où nous sommes avec l'autre, nous sommes absents. Une amie proche me faisait part il y a peu du fait que lorsqu'elle était présente à une réunion, au bout de cinq minutes son esprit s'évadait et qu'ainsi elle n'était plus qu'illusion aux yeux des autres qui auraient pourtant juré qu'elle était là.
Je ne sais plus trop où j'en suis. Pouvons nous souffrir ici tout en jouissant là-bas, dans un même élan? Il me semble avoir déjà ressenti un doux plaisir à ne pas être là.

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