jeudi 8 mai 2014

Là-haut

La rivière est à sec. Ce n'est plus qu'un lit. Les pierres arrondies témoignent de l'ancien flot. Dans le vent, des grains de sable, guidés par l'indécision, virevoltent et rebondissent. La chaleur coule le long des creux. Sur la berge, les arbres semblent attendre le retour de l'eau. Peut-être hésitent-ils. Ils ont encore le souvenir de la fraîcheur, des nuits où l'eau était une présence bruissante qui attirait les animaux. Se dessine sur l'écorce le frôlement de ces anciennes présences. Comme si elles voulaient échapper à la sécheresse de la terre, les racines se sont un temps aventurées à la lumière avant de disparaître à nouveau. Les branches ploient sous le poids du jour. Les feuilles se frottent à la chaleur. La clarté semble repousser l'ombre. Le temps a renoncé à sa mémoire. Le passé s'est éparpillé, usé par le souffle du renoncement. Le regard se perd dans le ciel sans couleur dans lequel se dilue le soleil. L'horizon paraît s'être dissous. Comme des souvenirs abandonnés, des insectes perpétuent le mouvement en se glissant entre les cailloux. Les battements d'une vie qui doute qu'un jour la source se laissera submerger par l'eau.

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