jeudi 29 septembre 2011

Colchique

Il est assis à la terrasse d'un café. Il regarde les passants. Des feuilles recouvrent le pavé. Contraintes par les pas, elles ne cessent de changer de place. Certaines sont déjà sèches et réduites en charpie par les talons. D'autres, tombées depuis peu, offrent encore la résistance d'une vigueur qui finira par s'évaporer. Une pie vole en cercle dans le ciel. Il se demande si les oiseaux savent où ils vont. Il boit une gorgée de café. Le monde passe devant ses yeux. Comme toujours, il concentre son attention sur les femmes. De sa place, il les regarde sans qu'elles puissent se sentir agressées. Il croise souvent des regards qui lui semblent inquiets, qui le dissuadent ne serait-ce que d'envisager un sourire.
Bien sûr, des pensées lui traversent l'esprit. Non, elles ne traversent pas. Elles sont toujours là, aux aguets, prêtes à le submerger. Il a parfois la sensation de se noyer, d'être emporté dans un torrent de désirs et de frustrations. Il s'accroche à la berge. Il sait qu'il va souffrir et pourtant il finit par lâcher prise.
Faisant tourner sa cuillère dans la tasse, il sait qu'il ne bougera pas. Il imaginera ses mains sur ces corps en mouvement, les caresses qui disparaissent dans l'ombre des mouvements. Il se demande si il est l'objet d'un quelconque désir.

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