mercredi 21 janvier 2015

Heureusement

Un être cher, formulation pudique, m'a offert un recueil de poésies écrites (les poésies pas le recueil) par René Char. Je connaissais ce poète. De nom. Ce qui veut dire que je ne le connaissais pas. J'ai lu. Je n'ai pas tout lu. J'ai même relu avant d'avoir tout lu. Avoir tout lu. Une formule qui n'a pas de sens. Avant de tout lire, je vais me contenter de lire. Quand je lis une poésie, je passe dans un autre monde. Un monde sans temps. Je lis la première ligne, la première phrase. Je la relis. Elle pourrait suffire. Elle me suffit. Comme si chaque mot était à lui seul un poème. Pour tout dire, Char m'intimide. Je connais tous ces mots qu'il a écrit. Ils sont tous à ma disposition. Ils m'attendent dans les dictionnaires, dans les livres, dans ma mémoire. Ils sont comme des outils dont je ne saurais pas me servir. Ils sont pourtant le plaisir. Le plaisir de les voir, de les lire, de les répéter, de les découvrir là, emportés dans un même élan jusqu'à moi.

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