jeudi 27 septembre 2012

A autre chose (4)

Convention de partenariat national - lutte contre l'illettrisme
Il regarde par la fenêtre. Il aime ces matins de solitude. Ce pourrait être un premier matin. Il ne perçoit aucun bruit. En contrebas, la rue parsemée de plaques de fonte, de boursouflures de bitume comme des scarabées endormis que l'humidité de la nuit révèlerait. De chaque côté un trottoir qui retient les traces des autres jours et s'apprête à recevoir les abandons qui surgiront entre les pas.  Il lui arrive d'imaginer qu'il est seul au monde mais sans jamais parvenir à savoir ce qu'il ferait. Sûrement parce qu'être seul n'a aucun sens. Il deviendrait son enfer. Il passerait son temps à chercher quelqu'un d'autre, à se souvenir des autres, de leur visage, de leur sourire, de leur voix. Non, pas de leur voix . Les sons échappaient à la mémoire.  Il se laisse glisser contre le mur et finit assis sur le parquet. Il peut voir par la fenêtre la bande de ciel qui semble maintenir l'écartement entre les deux immeubles qui se font face. Pour un court moment les rayons passent au travers de la vitre. Comme des atomes, les grains de poussière en suspension s’agitent dans les rais de lumière. Combien de temps faudrait-il pour que tous se déposent sur sol ? La chaleur du jour leur donne l’énergie de se déplacer selon une logique qui lui échappe. Cette vision est presque qu’une illusion. Chaque grain occupe un espace mais reste impalpable, disparaît dans l’ombre sans que l’on connaissance sa destination.

Comme un de ces grains de poussière, il vivait de la chaleur du regard qu'elle lui offrait, qu'elle posait sur lui. Son regard était comme une clé. Il s'ouvrait, la laissait pénétrer en lui, au plus profond de ce qu'il était. Il devenait un espace infini qu'elle parcourait, qu'elle lui racontait, qu'elle lui faisait découvrir. Un seul de ses regards, il existait, il était vivant, il s'offrait, lui souriait de surprise, de toujours découvrir qu'elle lui donnait envie, qu'il avait envie de se fondre en elle. Même si avec le temps ils avaient installé des rites, il ressentait à chaque rencontre les sensations de la première fois.
Il revoit quelques images de la première fois.

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