mercredi 22 avril 2009

Remets ta cagoule, on t'a r'connu



L'évidence. Notre président est un adepte de l'évidence. Nombre de ses propos l'illustre. L'évidence est à la fois un argument et une "arme" qui a pour objet de d'enlever toute crédibilité à une opinion, à une analyse différente de la sienne.

La dernière phrase en date (21/04/09 à Nice) à propos des mesures destinées à lutter contre les bandes et la délinquance est la suivante :
"J'ai vu deux reproches, ceux qui disent c'est liberticide, je ne vois pas en quoi c'est liberticide, soit c'est inefficace, il faudrait savoir, soit c'est liberticide, soit c'est inefficace" Elle contient tous les ingrédients de la recette "Je gouverne donc j'ai raison".

1)Faire passer pour une évidence ce qui ne l'est pas. Ici notre président oppose les termes liberticide et inefficace bien qu'ils puissent être complémentaires. Son raisonnement peut laisser croire que ce sont les même personnes qui utilisent les deux qualificatifs.

2) Faire un amalgame de toutes les oppositions. La formule du jour est "ceux qui disent". On ne sait pas qui ils sont, si ils existent. Ils ne font que dire, ce qui peut laisser supposer que ce qu'ils disent ne repose sur rien.

3) Ignorer les opinions différentes des siennes. Dans le cas présents "je ne vois pas en quoi c'est liberticide" En réduisant à deux mots, liberticide et inefficace,les analyses qui lui sont contraires, il ne se confronte pas aux arguments qui ont conduit à estimer que les nouvelles mesures sont effectivement liberticides et inefficaces. Ce qui pourrait nourrir le débat est déconsidéré, voire ridiculisé. Confronter des idées, des conceptions fait partie intégrante de notre démocratie. Je suppose que notre président juge tout cela inutile.

4) Nier le bien fondé, la légitimité, la réflexion qui ont conduit à mettre en doute l'efficacité d'une mesure. Ici, notre président raille "ceux qui disent" car ils seraient en contradiction avec eux-même ou avec les autres "il faudrait savoir, soit c'est liberticide, soit c'est inefficace".

5) Dénigrer, dévaloriser les intellectuels. Au travers des propos de notre président, ce qui est systématique quand il s'agit de sécurité ou de justice, on sent poindre l'opposition entre d'une part ceux qui agissent, qui sont "sur le terrain", qui défendent les légitimes aspirations des petites gens et d'autre part ceux qui pensent, qui disent bien à l'abri des dures réalités de la vie quotidienne.

Je crois que cette façon de procéder de notre président est d'autant plus efficace que depuis deux ans il est attaqué à propos de tout et n'importe quoi, ce qui a pour effet d'affaiblir les mises en cause de sa politique. De ce fait, quelque soit le sujet, ses hypothétique propos sur des chefs d'Etat ou sa politique économique, toutes les oppositions finissent par avoir la même valeur, inaudibles et dérisoires.

Pour détendre l'atmosphère, en regardant la photo vous remarquerez qu'il suffit de deux doigts à notre président pour évoquer sa femme alors que le gendarme qui, père d'une famille nombreuse,est à sa droite a lui besoin de ses deux mains pour parler de la sienne.

Et pour finir, la phrase qui suit, qui aborde les excuses de Ségolène Royal, prouve que je suis parfois d'accord avec notre président.

"Quand je regarde le temps perdu ce week-end pour ces polémiques ridicules alors qu'on a tant de problèmes à régler, le chômage, l'insécurité, les problèmes sociaux, qu'on puisse prendre autant de temps sur des choses aussi grotesques ! C'est à rester pantois."

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