mercredi 15 avril 2009

Moi émois (10)

Après avoir, à de nombreuses reprises, perturbé, interrompu, gâché les élans parentaux, nous nous sommes retrouvés, mon berceau et moi, dans le couloir qui fut ma première chambre. Né bien avant que 68 ne cède la place à 69, l'épouse était encore et avant tout une femme de devoir. Devoirs en tous genres, domestiques, de soumission, d'abnégation, de sacrifice et conjugal, ces deux derniers, le temps passant, n'étaient pas toujours sans relation. Elle était tout à la fois femme, mère, épouse et autres particularités culturelles.

C'est ainsi que ma mère se trouvait parfois écartelée entre ses devoirs de mère et ceux d'épouse. Devait-elle s'offrir à son mari ou donner le sein à son enfant affamé. Confrontée à ses missions, elle devait prendre position. Pour ce que je peux en savoir, la priorité fut souvent donné au sein. Au nom d'une certaine convivialité, on aurait pu imaginer la satisfaction simultanée, un partage raisonné des plaisirs renouvelables. Je suppose que cela s'est déjà fait. Quoi qu'il en soit, dans la famille c'était l'un ou l'autre. J'ai bien sûr partagé le lit parentalo-conjugal mais la plus part du temps mon père ronflait, ma mère me tapotait dans le dos pour que je fasse mon rôt et moi j'avais sur le visage cet air congestionné du bébé repu dans l'attente d'être libéré de l'air ingéré.

A défaut d'avoir une activité, une vie sexuelle bien identifiée, consciente et volontaire, je perturbais celle de mon père.

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