lundi 10 août 2015

Pince-moi

Ce soir là je suis rentré tard. C'était déjà demain. Je revenais d'ailleurs où j'avais rencontré l'envers du décor. Ce n'était pas la première fois mais à chacune de ces fois je décelais dans certains regards la conscience. Cette conscience qui provoque le désespoir, qui l'espace d'un voile s'enfonce dans le cœur. Ce soir là je retrouvai ma demeure sans avoir tout oublié. La faim s'imposa comme une transition. Mon choix se porta sur des lentilles. Agrémentées de sauce tomate j'en fis un plat qu'il ne me serait pas venu à l'esprit d'échanger. Tout en les portant à ma bouche je regardai bêtement l'écran. Dehors la nuit brillait dans un coin. J'ai fini par monter. Expression à  tiroirs. J'ai ouvert la porte de la chambre qui se trouve au bout du couloir. Dans l'angle le plus éloigné une lumière offrait un éclat contenu, abandonnant le reste de la pièce à l'oubli. Je me suis approché du lit et de l'incertitude. Dans l'enchevêtrement des étendues froissées, je vis l'origine du monde. Devais-je en être étonné? Comme déposée dans le sommeil. Je ne sais pourquoi, je fermai les yeux. Je perçus un frôlement. Ouvrant à nouveau les yeux, comme dans un vide lointain, m'apparut la face cachée. Tout à ma perturbation, je posai mes petites fesses sur le lit qui, certainement aussi ému que moi, s'affaissa sans regret. Sortant d'une émergente douceur, l'origine du monde me chuchota " C'est le pied".

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