samedi 22 août 2015

C'est possible

La journée était terminée. Elle était en train de se terminer. La gare était dans mon dos. Le dernier train n'allait pas tarder. C'est le moment où tout est dernier. J'attendais de repartir. Je regardais comme ça, sans penser à rien. Ce qui se passait me suffisait. Et puis une jeune fille a déclenché ma caméra du souvenir. C'est son allure générale qui m'a fait supposer que c'était une jeune fille. Elle marchait sur le trottoir. Elle allait certainement quelque part. Elle semblait pressée ou peut-être décidée. Moi qui ne sais jamais trop, j'ai tendance à être fasciné par les personnes qui donnent toujours cette impression de savoir où ils vont dans la vie. Elle faisait partie de cette catégorie. Elle avançait d'un pas décidé. Son bras gauche formait un angle droit dans le creux duquel se balançaient les deux anses d'un sac de bonne taille. Dans la main du même bras se lovait un portable qu'un fil souple reliait aux oreilles qui se dissimulaient dans une chevelure ondulant dans le mouvement. Le tout donnait une impression d'urgence. Elle n'avait pas une seconde à perdre, à donner à ce qui n'était pas son monde, à ce qui n'était pas immédiat. Sa vie était maintenant, dans les quelques secondes à venir. Et puis, elle est arrivée à un carrefour. Le petit bonhomme était rouge. Elle s'est arrêtée et a attendu qu'il devienne vert. De la voir ainsi immobile, ne serait-ce que quelques secondes, m'a fait un bien immense. J'étais comme soulagé, enveloppé d'un souffle de sérénité. C'était reposant de constater qu'elle pouvait parfois prendre le temps d'attendre.

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