vendredi 13 février 2009

Naissance d'une rivalité (moi émois 5)

C'est emmitouflé que j'ai quitté la maternité (1), dernier sas avant d'être lancé dans le combat de la vie. Le premier combat singulier que j'ai eu à mener m'a bien sûr opposé à mon père. Ce sont souvent les proches dont il faut se méfier le plus. Je ne l'avais pas identifié en tant que père mais comme imposteur voulant me soustraire ma mère. Comme elle était ma mère, il n'était pas question qu'elle soit sa femme, même si les besoins à assouvir n'étaient pas de même nature.

A cette époque, pas si lointaine, les bébés passaient le plus clair de leur temps dans la position couchée. Les autres étaient davantage des voix que des visages qui, comme des satellites autour d'un astre, passaient devant mes yeux en faisant des grimaces ridicules et censées me faire rire comme les onomatopées que leurs lèvres prononçaient.

A cette époque, toujours aussi peu lointaine, seules les femmes se laissaient aller à exprimer les émotions que faisaient naître les enfants. Les hommes restaient des hommes soucieux de préserver une virilité qu'un tendre sourire était susceptible d'entamer. Mon père lui était fier d'avoir un fils mais en son for intérieur. Dans son esprit le fils était un concept. J'existais dans la phrase "J'ai un fils". J'allais devoir attendre la pleine maturité pour acquérir une réalité charnelle.

Notre premier lieu d'affrontement, notre premier champ de bataille fut la chambre parentale où je fus convié à passer mes nuits. En l'absence de Françoise Dolto, mes parents, comme beaucoup d'autres, pensaient qu'un bébé est incapable de ressentir ce qui se passe autour de lui et de ce fait agissaient comme si ils étaient seuls. Mais comme Françoise et Edwige le révélèrent, c'était loin d'être le cas.

(1)je rappelle que c'est une fiction.

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