lundi 9 février 2009

Et une quiche, une

Cette semaine je n'avais que l'embarras du choix. J'avais d'abord pensé à Luc Besson pour cette curieuse idée de dénonciation des passeurs de clandestins. Un minimum de réflexion lui aurait permis de constater que cette mesure, qui par ailleurs ne fait l'objet que d'une circulaire, aurait pour effet de mettre en danger les immigrés clandestins, sans parler du fond de cette idée. A l'évidence cette mesure a été pondu sans réflexion, sans concertation. Ce pose le problème de la valeur juridique d'une circulaire. Un précédent texte prévoyait ce genre de mesure ce qui n'a pas empêché des prostituées étrangères d'être reconduites à la frontière après avoir dénoncé leur proxénète. Ensuite il faudrait que les conditions d'accueil soient réunies pour une insertion. Comme souvent, les clandestins ont encore de la famille dans leur pays d'origine. Dans le cas d'une dénonciation non seulement le clandestin est en danger, mais sa famille n'est pas à l'abri des représailles des organisations mafieuses qui organisent ce trafic.

La deuxième candidate était Laurence Parisot qui n'a pas trouvé mieux pour illustrer les difficultés des chefs d'entreprise que de mettre en avant le suicide de deux d'entre eux, ce que l'on ne peut que le déplorer. Nous pourrions, si nous n'hésitions pas à utiliser le malheur des autres, lui rafraîchir la mémoire en lui parlant des milliers de salariés victimes de l'amiante, des salariés tués ou handicapés à la suite d'un accident du travail.

Mais malgré ces bons clients, j'en ai choisi un troisième en la personne de mon ami Frédo. Je n'ai pas pu résister. Vous allez me dire que c'est une cible facile et vous aurez raison mais la tentation est trop forte. Donc, le gars Freddy a tenu à défendre l'idée du transfuge Besson. Il a ainsi précisé que " La dénonciation est un devoir républicain" faisant la distinction entre la délation qui est mal et la dénonciation qui est bien. Le bien et le mal. Les certitudes. Ce que je propose est bien, c'est vous qui pensez à mal. Pour un clandestin, quel est le sens de "devoir républicain". On peut imaginer que nombre de clandestins vivent dans la précarité, l'insécurité et sont dans une situation de faiblesse et notre République utiliserait cette faiblesse pour obtenir gain de cause, ferait du donnant-donnant. On pourrait comprendre un clandestin qui hésiterait à adopter les valeurs de cette République. Et notre Fred qui du haut de ses certitudes décide de ce qui est et n'est pas républicain. Avec lui, à n'en pas douter que d'ici peu le mot républicain sera une insulte.
Si l'on consulte le dictionnaire, comme nous y engage Freddo, on constate que la dénonciation est désintéressée alors que la délation est faite par intérêt. Qu'en est-il dans le cas qui nous occupe? Si le clandestin dénonce son passeur il recevra un titre de séjour en échange. La dénonciation est donc intéressée. Il faut se rendre à l'évidence que la dénonciation est une délation. Comme selon notre ami Fred "la délation est condamnable car se faisant au détriment de gens honnêtes" , les passeurs sont des honnêtes gens.

Pour finir rappelons cette phrase de notre président lors des universités d'été du MEDEF en 2007 "A quoi sert-il d'expliquer à nos enfants que Vichy, la collaboration, c'est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux sur une dénonciation anonyme, ou des enquêtes sur une dénonciation anonyme ?"

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