jeudi 15 octobre 2015

Imperceptible

"Je me sens tellement seule que j'ai envie d'être ensemble". C'est ce qu'aimerait dire une pierre. Cette pierre est dans un désert. Elle ne sait pas lequel. En étudiant l'environnement, il devrait être possible de savoir dans lequel elle se trouve. Aujourd'hui, si elle avait des yeux, du haut de la dune elle pourrait voir l'horizon. Un horizon fait de dunes ondulantes. Le désert est une sorte de mer sans eau ni plage. Les dunes font office de vagues. Elles avancent mais ne s'échouent jamais. Elles progressent emportées par le vent. Rien de lunaire dans ce mouvement. La pierre est entourée de grains de sable qui les jours de tempête la recouvrent. Elle peut ainsi disparaître plusieurs jours d'affilés. Elle n'aime pas les grains de sable. Ils l'agressent, la piquent, l'érodent, la harcèlent, la parsèment. Ils sont usants. Il arrive qu'ils la rendent folle. Combien de ses coreligionnaires, adoratrices du temps, ont fini par être réduites en sable. Même si elle ne les côtoyait que de loin, il est des jours où elle se sent seule. Si elle avait de la mémoire, elle se souviendrait qu'elle a été un rocher. Un de ces rochers respectables qui offraient de l'ombre. Aujourd'hui, elle est obligée d'attendre le soleil couchant pour offrir de l'ombre à un scarabée. L'érosion a été si lente qu'au détour d'une aube elle s'est découverte insignifiante. Elle se répand jour après jour par milliers, traverse, survole et se dépose. Si le dernier grain pouvait parler, peut-être se demanderait-il où il veut en venir.  

Aucun commentaire: