jeudi 30 juillet 2015

Un portrait

Je vis avec ma douleur. Ainsi pense l'homme assis dans le parc. Une douleur qui partage mes jours et mes nuits. Il est encore vieux. Elle m'accompagne depuis ce jour. Il sourit à moins que ce ne soit que des rides. Ma douleur est un diamant. Ses mains reposent sur ses genoux. Elle brille dans la nuit, le temps est impuissant à l'adoucir. Elles semblent sur le point de trembler. Parfois elle se fait discrète. Son dos forme une courbe douce. Elle s'abat comme le silence. Son crâne est parsemé de taches lunaires. Elle surgit au détour d'une pensée. Le regard fixe, il ne regarde rien. Je ne la repousse pas. Dans ses yeux coulent les reflets de la fatigue. Elle sera mon dernier signe de vie. Il navigue dans l'oubli comme un navire abandonné en bout de quai. Je n'ai jamais quitté cet instant. Il est retranché dans un manteau noir. Des images restituent le chaos. L'envie s'est assoupie au plus profond de sa vie.

Ses sentiments sont comme la lave qui se refroidit en s'éloignant du cratère et finit par se figer. Les formes assombries laissent deviner la force et la chaleur qui se précipitaient. Ce ne sont plus que des rides qui ont durci. Elles ne sont pas dénuées d'une certaine beauté que le temps leur a offert. Il a laissé la parole s'échapper. Jour après jour il en a perdu l'usage. Le lien s'est effacé jusqu'à la solitude. Depuis ce jour, il offre l'illusion de l'eau claire, cette impression de sérénité que donne un corps qui se coule dans le jour. Sa vie est devenue l'attente du dernier. Un édifice qui s'effondre sans fin.

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