vendredi 16 novembre 2012

A partir de rien ou si peu

Au temps où l'ourang-outan hésitait. Le temps qu'une balle le frappe en plein front. Sa chute exécutée, ses bras enfin touchaient le sol. Parfois son crâne craquait. Un bruit que personne n'entendait. Ou alors, sa tête rebondissait sur la terre recouverte de feuilles. Quoi qu'il en soit, il finissait par ne plus bouger. Il n'avait pas le choix. Sa mort commençait sans avoir le temps de toucher la fin de sa vie, ne serait-ce que d'un oeil. Il ne revoyait pas sa vie en accéléré. Il n'avait pas de dernière pensée. A qui aurait-il pensé? Aurait-il hésité si il en avait eu le temps? Peut-être que refusant de choisir, il n'aurait pensé à rien. Il n'aurait pensé à personne. Qui l'aurait su?
Il arrivait, qu'après avoir été frappé en plein front, une sorte de malchance le maintienne entre deux branches. Il était tout aussi mort mais sans toucher le sol. Dans cette position, si ce n'est les gouttes de sang qui quittaient son crâne, on pouvait le croire vivant. La tête en bas, il donnait l'impression de se balancer. Ce n'était que le vent qui accompagnait le dernier élan de sa vie. Vus d'en bas, les détails échappaient au regard.   Il était pourtant mort. Pendant quelque temps encore, la souplesse de ses membres demeurait, entretenue par la chaleur du soleil, par l'humidité qui les rejoignait. Il atteignait un jour le stade de la rigidité. Les rafales des dépressions le malmenaient. Chaque jour le rongeait sans que pourtant d'un matin à l'autre il soit possible  de décrire ce qui avait changé. Ce qui ne laissait aucun doute, c'est qu'il allait pourrir, que toutes sortes de bestioles le grignoteraient jusqu'à ce que le vent disperse ce qui ne pouvait être digéré. Il ne resterait rien du temps où l'ourang-outan hésitait.
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