mardi 5 août 2008

Chronique du matin

La dernière fois je vous exposais les désagréments, les contrariétés qui ont tôt fait de vous gâcher le petit déjeuner. Pourtant, le petit déjeuner est avant tout un moment de plaisir et même pour certains, dont je tairai le nom, c'est un plaisir intense. Je tiens à vous dire sans délai que je ne suis pas le mieux placé pour vous parler de ce moment. Il est impératif d'être dans de bonnes dispositions. Les puristes vous diront qu'il faut s'endormir en y pensant et qu'ainsi, dans l'inconscience du sommeil, le corps se prépare. De cette façon, à la seconde même où vous ouvrez les yeux, vous avez faim, vous avez délicieusement faim. Si ce n'est pas le cas, il est préférable de se recoucher. Quel plus grand gâchis qu'un petit déjeuner sans faim? Je ne vais pas personnaliser cette chronique car il m'arrive souvent de ne pas avoir faim. Je vais donc me mettre dans la peau de quelqu'un que je connais, qui est un pro du petit déjeuner mais dont je n'ai pas le droit de dire le nom. je vais écrire "je" mais je penserai "il". Vous allez donc avoir droit au petit déjeuner idéal.

Je passe d'abord par la salle de bain et ce pour plusieurs raisons. Pour profiter pleinement du plaisir qui se profile, il faut avoir tous les sens en éveil. La douche y contribue. L'eau ruisselle sur mon corps comme une seconde peau qui à chaque instant se renouvelle. De sa caresse elle dissout le voile de la nuit et ainsi s'éveille les appétits du corps. Ensuite pour profiter pleinement du petit déjeuner, il faut avoir l'esprit libéré de toute contingence. En entrant dans la cuisine, je sais que tout le temps qui me reste avant le départ sera consacré à ce plaisir du matin. Pleinement conscient de ce qui m'attend, je descends.

Je prépare le café, veillant à ce que le filtre soit bien placé. J'ai en tête une check-liste avec, souligné en rouge, les gestes indispensables à accomplir. Pendant que le café passe, je vais acheter du pain frais. Cette étape est en quelque sorte l'angle mort, la face cachée de la lune du petit déjeuner. Si la cafetière connait une défaillance, ici la cuisine je crois qu'on a un problème, je ne peux pas intervenir. Je dois vous avouer que sur le chemin du boulanger je ressens toujours comme une angoisse même si je sais au fond de moi que j'ai scrupuleusement respecté la procédure.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Ta narration me donne une idée : je vais tenter de préparer le p'tit déj le soir et non le matin tout comme toi Oh Grand Thierry. Il y a quelques temps, je me serais posé la question lancinante suivante : "dois-je sortir aussi le beurre du réfrigérateur ?" ce qui revient à choisir entre beurre dur intartinable et beurre complètement ramolli voir dégoulinant. Le problème est, fort heureusement, résolu par nos ingénieurs en agronomie (enfin je suppose): le beurre tendre dès sa sortie du frigo existe à présent. Ouf ! un souci de moins.