vendredi 3 septembre 2010

En passant (suite)

Toujours sur mon vélo, j’appuyais machinalement sur les pédales. Concentré sur le présent, je regardais tourner la roue avant, résultat concret de mes efforts. La transmission d’une énergie nécessaire à l’équilibre. J’ai peu l’occasion de voir la roue arrière, le plus souvent c’est lorsque je vérifie le pignon ou que je déraille. J’existe dans le mouvement circulaire que je provoque, que je crée. Allez savoir pourquoi, en pleine montée, le souffle court, la sueur, goutte à goutte, dévalant les rides de mon visage, je me suis dit que tout cela, toutes ces manifestations de la vie pouvaient s’arrêter. Il y a si peu entre maintenant et après. Je pensais à cet instant, le dernier avant que l’on devienne un souvenir. J’ai ressenti une peur qui m’était inconnue à l’idée que dans un même souffle je passerai de la vie à la mort. C’est une certitude que j’ai depuis longtemps intégrée mais prendre le temps d’y penser, d’une certaine façon de le vivre me rapproche de la violence de la disparition. Je ne parviens jamais à rejoindre ce point avant que la vie ne s’éparpille.

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