Faute de temps souvent, lassitude, encombrement médiatique, logorrhée, les propos de nos hommes politiques échappent à notre vigilante attention. C'est donc par le plus grand des hasards que j'ai repéré l'apparition d'un mot. Un mot tout bête, tout simple comme l'on dit. Un de ces mots innocents, très commun mais qui, à y bien regarder, peut rendre bien des services à nos hommes politiques. Il s'agit du mot "normal" J l'ai repéré trois fois en 24 heures. Bien sûr, il ne faut pas s'emballer mais restons vigilants.
Premier exemple le ministre du budget et de la fonction publique, Eric Woerth, qui a estimé qu'il est "profondément normal" de mettre en disponibilité un fonctionnaire si celui-ci refusait trois postes, comme le prévoit la loi, une disposition critiquée par les syndicats.
"Si au bout du troisième poste proposé (...), il refuse, alors il peut, être mis en disponibilité, ce qui est bien normal", a encore fait valoir M. Woerth. "Si la personne refuse, c'est qu'au fond elle n'a plus envie de travailler dans l'administration" et il n'y a "pas de raison que l'administration continue à ce moment-là à payer", a-t-il jugé, estimant que c'était "profondément normal".
Dans le cas présent le "normal" est au service d'un raisonnement simpliste. D'avance notre gars Eric sait pourquoi une personne serait amenée à refuser trois poste, "c'est qu'au fond elle n'a plus envie de travailler dans l'administration" le "dans l'administration" est peut-être de trop. Vous aurez remarqué les nuances lorsque notre mot est en compagnie de "bien" et de "profondément", le fonctionnaire concerné pouvant dire qu'effectivement "on lui a mis".
Le deuxième exemple concerne le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, qui a suggéré de faire du voile un critère d'intégration à la communauté française. "Rien ne serait plus normal que de refuser systématiquement l'accès à la carte de résident à la personne portant le voile et à son mari". Je revienndrai sur Brice un peu plus tard.
Le troisième exemple concerne notre premier ministre François qui a déclarer à l'occasion de l'affaire clearstream
"Dans ces conditions, l'appel était automatique, il était obligatoire ; ce qui aurait été anormal, c'est qu'il n'y ait pas appel".Je ne sais pas pourquoi il se sent obligé de justifier une action qui semble à ses yeux si évidente.
Ce "normal" est la traduction d'une certaine évidence, de l'absence de l'alternative, de l'existence d'une seule et même vérité dont il n'y a pas à débattre
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